La Grève
Murielle Szac
Mélodie, comme beaucoup de collégiennes de son âge, s’oppose à sa mère et ignore son père, absent depuis quelques années.
Un jour, elle apprend que l’usine dans laquelle travaille sa mère, va fermer.
Piquet de grève, usine occupée, tous les habitants de cette ville du nord de la France vont s’unir pour empêcher la délocalisation.
Pendant ces jours hors du commun, Mélodie va partager la lutte des ouvrières textiles et découvrir sa mère sous un jour nouveau.
Roman à partir de la 3e
Thèmes : luttes sociales, condition ouvrière, grève, relation mère-fille
Une première version de ce roman est parue au Seuil Jeunesse en 2008.
« Un roman social passionnant à lire, je dirai un Émile Zola du XXIe siècle qui malheureusement démontre que l’Histoire des cités ouvrières se répète. Un combat de femmes face à l’injustice de notre système économique, toujours entre les mains des plus riches ! » – Luc Battieuw, Lu et partagé !
Extrait
L’usine, on ne voit qu’elle dans la ville. Mais on ne la regarde jamais. Elle engloutit ma mère le matin et la recrache le soir, comme presque toutes les femmes d’ici. À six heures trente tapantes, la pointeuse cliquette. Maman s’est toujours fait un point d’honneur à ne jamais arriver en retard. « Mon honneur d’ouvrière », elle dit. Les autres se lancent des coups d’œil en coin quand elle joue l’employée modèle. Parce que les autres, il y a longtemps qu’elles vont à l’usine en traînant les pieds. Un peu comme moi quand je vais en cours de physique. Maman, elle, porte sa ponctualité en étendard. Première arrivée, dernière partie. Pour le reste, elle n’a pas trop de quoi faire la fière. Rivée à sa machine, elle pique des ourlets toute la journée, toute la semaine, toute l’année.
Je ne vais jamais la voir à l’atelier. D’abord, c’est interdit. Et puis, ça ne m’intéresse pas. Je ne vais jamais non plus l’attendre à la sortie, devant la grille. Je n’aime pas qu’elle vienne me chercher au collège. Chacune sa vie.